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Le coquillage

 

Suis-je inutile et hors d’usage,

Nuit ? Du gouffre de l’univers,

Sans perle, un simple coquillage

Jeté sur le bord de la mer ?

 

La vague écume sous ta brise,

Ton chant est sauvage et lointain,

Mais tu l’aimes, ô nuit exquise,

Ce coquillage étrange et vain.

 

Le couvrant d’un manteau d’étoiles,

Près de lui sur le sable d’or,

Tu le berces pendant qu’il dort

Du bruit houleux de la rafale.

 

Maison d’un cœur sans habitants,

Ce coquillage aux murs fragiles,

Remplis-le de rumeurs subtiles,

De brouillard, d’écume et de vent !

 

Traduit du russe par Katia Granoff,

In, « Anthologie de la poésie russe »

Editions Gallimard (Poésie),1993

Du même auteur :

« Homère, l’insomnie… » / Бессоница, Гомер, тугие паруса (26/09/2015)

« J’écoute une musique intense... » (26/09/18)

« Pour la gloire à venir ... » / « За гремучую доблесть грядущих веков... » (26/09/2019)