Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le bar à poèmes
11 mai 2017

Francisco Brines (1932 -) : Se regardant dans la fumée / Mirándose en el humo

37775_1_1_

 

Se regardant dans la fumée

 

     Quand l’homme a planté son menton dans sa main

et fermé les yeux pour voir

la fumée de sa vie,

il n’a vu qu’une succession de gestes, de pas fatigués,

     des ombres,

 

des ombres :

là-bas, en un point de sa vie, une terreur,

et, plus terrible encore, les joies maintenant vaines.

Si quelques ombres luttent pour retrouver une forme

(elles, qui furent pour lui plus vivantes

que sa propre vie),

dans sa mémoire le temps les terrasse.

 

     Il ouvre les yeux autour de sa chambre,

il fait nuit noire.

Puis il laisse retomber son menton brumeux

sur la ruine de sa main.

De toute cette vaine traînée de poudre

il ne subsiste qu’une douleur

qui, dans sa poitrine, rompt les chaînes d’un animal de feu.

La vie continue de mordre,

tandis que l’ombre du soir vient

pour éteindre sa peine,

sa vie entière.

Et un courant d’air qui entre chasse la fumée.

 

Traduit de l’espagnol par Claude de Freyssinet

In, « Poésie espagnole. Anthologie 1945 – 1990 »

Actes Sud / Editions Unesco, 1995

Du même auteur :

Se regardant dans la fumée / Mirándose en el humo (11/05/2017)

Le pacte qui me reste (11/05/2019)

« Le balcon donne sur le jardin... »  / « El balcón da al jardín... » (11/05/2020)

Scène secrète (11/05/2021)

Vers épiques / Versos épicos (11/05/2022)

L’œil solitaire de la nuit (11/05/2023)

 

 

Mirándose en el humo

 

Así que el hombre ha hundido su barbilla en la mano,

y ha cerrado los ojos para ver

el humo de su vida,

tan sólo ha visto sucesión de gestos, cansados pasos,

sombras

 

y sombras:

allá, en un punto de su vida, algún terror,

y, más terrible aún, las alegrías ahora vanas.

Y a unas sombras que pugnan por formar de nuevo el bulto

(son las que fueron para él más vivas

que aquella misma vida suya),

en la memoria las derriba el tiempo.

Abre los ojos, en torno a su cuarto,

y es noche oscura.

De nuevo deja la barbilla humosa

caer en el estrago de la mano.

De toda aquella vana polvareda

sólo un dolor pervive,

que rompe las cadenas, en su pecho, de una bestia de fuego.

La vida muerde aún,

mientras la sombra de la tarde viene

para apagarle su dolor,

 

su vida toda.

Y un aire llega que deshace el humo.

Palabras a la oscuridad

Insula, Madrid, 1966

 

Poème précédent en espagnol :

Miguel Angel Asturias  : Marimba jouée par les Indiens /Marimba tocada por indios (06/05/2017

Poème suivant en espagnol : 

Ángel González: Anniversaire d’Amour / Cumpleaños de amor (18/05/2017)

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Le bar à poèmes
Publicité
Archives
Newsletter
96 abonnés
Publicité