La Rencontre
A Rafael Alberti
Un jour je dirai : bienvenue
à la maison. Voici ton feu.
Bois ton vin dans ton verre,
Regarde le ciel, romps le pain.
Comme tu as été long. Tu as erré
sous les constellations
du Sud, navigué sur les fleuves
aux sonorités multiples. Que
ton voyage a été long. Je te trouve
fatigué. Ne me demande rien.
Donne à manger à tes chiens,
entends la chanson du peuplier.
Ne me pose aucune question,
ne me demande rien.
Si je parlais,
tu pleurerais. Si tu mettais
tes spectres faces au miroir,
tu ne verrais sans doute
aucune image reflétée.
La vie lointaine est morte :
le temps l’a tuée. Toi seul
peux l’enterrer. Jettes-y
de la terre demain, quand
tu te seras reposé. Bienvenue
chez toi. Ne demande
rien. Demain nous parlerons.
Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet
In, « Poésie espagnole. Anthologie 1945 – 1990) »
Actes Sud / Editions Unesco, 1995
Du même auteur :
Pas (25/04/2015)
Lamentation /Lamentación (25/04/2016)
Enfant / Niño (25/04/2018)
« J’aimerais, ce soir... / Quisiera esta tarde... » (25/04/2019)