Miyazawa Kenji / 宮沢賢治 (1895 – 1933) : Aiguilles de pin
Aiguilles de pin
Voici la neige fondue que tu m’as demandée
et une belle branche du pin.
Ah, tu t’empares de ces aiguilles vertes
pour les poser contre ta joue brûlante !
avec ces vertes aiguilles végétales
tu piques ta joue avec frénésie, .
tu le fais avidement.
Combien cela nous étonne !
Tu désirais si fort aller vers la forêt.
Alors qu’ardent de fièvre
tu luttais dans la souffrance et la sueur,
moi, sous le soleil je travaillais dans la joie.
Je flânais dans la forêt en pensant à quelqu’un d’autre.
« Ah, comme cela est bon et me rafraîchit,
je me crois dans la forêt »
tel un écureuil, un oiseau
tu chérissait la forêt.
Combien tu m’enviai!s
Aujourd’hui même, tu t’en vas très loin, ô ma sœur.
Vas-tu partir vraiment toute seule ?
demandes-moi de partir avec toi,
dis-le moi ainsi, en pleurs.
Pourtant, quelle beauté
aujourd’hui, que celle de tes joues !
Sur ta moustiquaire verte
je poserai cette branche à peine cueillie.
Et bientôt une goutte en tombera.
Regarde :
de la résine,
Tu en sentiras le frais parfum.
Traduit du japonais par Nao. Yuki Sawada et Felicia Fuster
In, Revue « Vagabondages, N°77, Janvier/Février/Mars 1990
Association Paris-poète, 1990
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