Olivier Bardet (19?? - ?) : Estuaire
Estuaire
Éblouissement d’éther de feu eau air terre
Une langue darde dans la gueule du serpent
Blanc là-haut plus bleu que le bleu du ciel
L’esprit se cache et le souffle
Vent invisible sur la mer visible
La plaine se recroise des différences d’où je viens
À la pointe du triangle
Contradiction qui me suffoque
Un verre d’alcool se mêle à tout l’océan
Le sel peut-il s’aiguiser à la fadeur d’avoir été
Arc bouté contre le ressac
De l’immense au profond l’ivresse est égale
Flux contre flux vague après vague le sable
Recouvre le sable
Chutes et pas se mêlent s’opposent
Et je suis encore en face de ma vie
Comme au bord d’une rive d’écume et de roches amères
Là, qui n’est que l’oubli du flot
Où s’effacent les formes et se brise l’attente
C’est là que gît sous l’eau ce qui ne se découvre jamais
Là se terre l’alizé emporté avec sa voile
Sa nef et ses esclaves avant le terme du voyage
Ici l’échange est inique du regard contre le silence
De l’âme volatile contre le vide élémentaire
Rhum pour homme eau de vie contre le feu le verre
L’or potable porteur pour l’essor d’une plume
Nostalgique d’attelages ailés
Transe figure nom du fleuve
Revue « Vagabondages, N°54 -Janv/Fev/Mars 1984 »
Association « Paris-poète », 1984
Du même auteur : L’art de la fugue (11/01/2016)