Benjamin Péret (1899 -1959) : Le congrès eucharistique de Chicago
Le congrès eucharistique de Chicago
Lorsque les cloportes rencontrent les cafards et que les biftecks
verdâtres secrètent leurs hosties
tous les crachats se réunissent dans le même égout et disent
Jésus vient avec nous
et toutes les biques du monde répandent leurs crottes dans l’égout
et s’ouvre le congrès eucharistique
et chacun d’accourir vers les divins excréments et les crachats
sacrés
C’est que dieu constipé depuis vingt siècles n’a plus de boueux
messie pour féconder les terrestres latrines
et les prêtres ne vendangeaient plus que leur propre crottin
C’est alors que leur sueur murmure
Vous êtes du cambouis et je suis dieu
Pour me recevoir vous tendrez vos vastes battoirs
Lorsque vos oreilles et votre nez se rempliront de boue
vous me verrez sous la forme d’un putois pourri
Alors tous les pous nègres se retrouvèrent sur la même fesse
et dirent Dieu est grand
dieu est plus grand que notre fesse
Nous avons fait l’hostie il nous a faits crapauds
pour que nous puissions tout le jour coasser le dies irae
cependant la poussière des césars pénétrait dans leurs naseaux
et ces ruminants beuglaient
Judas a vendu dieu comme des frites
et ses os ont gratté le sabot des purs-sang
Ah qui nous donnera un dieu rafraîchi comme un crâne sortant
du coiffeur
un dieu plus sale et plus nu que la boue
Le nôtre lavé par les rivières
n’est plus qu’un absurde et livide galet.
In, Revue « La Révolution surréaliste, N° 8, 1er Décembre 2016 »
Du même auteur :
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