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Le bar à poèmes
22 avril 2016

Francis Picabia (1878 – 1953) : Les dominos

 

 

Picabia[1]

Les dominos

 

Au catéchisme des offrandes, j'ai chanté la vie,

nid d'abeilles d'où s'échappent les forces,

château des odeurs concentrées.

J'ai regardé sous les persiennes le parfum qui tue.

Le parfum en spirales

qui n'est tangible que pour le cœur.

Mais mon cœur est masqué de noir,

depuis que vos doigts l'ont touché

et je puis affronter sans crainte

la piqûre des oiseaux-fées ;

je suis plus fort que la vie,

depuis longtemps je suis parti.

Serrez sur votre poitrine ce qu'on nomme la douceur ;

vous verrez pleurer votre bouche

car la douceur et le miel

sont des dominos rose pâle

tout garnis de dentelle noire

et doublés en soie de chagrin.

 

In, « La poésie surréaliste, choix et présentation

par Jean-Louis Bédouin"

Edition Seghers,1964 et 1970

Du même auteur :

Ma vie est passée (22/04/2015)

Poème d’espérance (22/04/2017)

« Il est une espèce d’oiseau… » (22/04/2018)

Des perles aux pourceaux (22/04/2019)

 

 

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