Francis Picabia (1878 – 1953) : Les dominos
Les dominos
Au catéchisme des offrandes, j'ai chanté la vie,
nid d'abeilles d'où s'échappent les forces,
château des odeurs concentrées.
J'ai regardé sous les persiennes le parfum qui tue.
Le parfum en spirales
qui n'est tangible que pour le cœur.
Mais mon cœur est masqué de noir,
depuis que vos doigts l'ont touché
et je puis affronter sans crainte
la piqûre des oiseaux-fées ;
je suis plus fort que la vie,
depuis longtemps je suis parti.
Serrez sur votre poitrine ce qu'on nomme la douceur ;
vous verrez pleurer votre bouche
car la douceur et le miel
sont des dominos rose pâle
tout garnis de dentelle noire
et doublés en soie de chagrin.
In, « La poésie surréaliste, choix et présentation
par Jean-Louis Bédouin"
Edition Seghers,1964 et 1970
Du même auteur :
Ma vie est passée (22/04/2015)
Poème d’espérance (22/04/2017)
« Il est une espèce d’oiseau… » (22/04/2018)
Des perles aux pourceaux (22/04/2019)