30 mars 2016

Eugène Guillevic (1907 – 1997) : Du silence

  Du silence   Je fore Je creuse.   Je fore Dans le silence   Ou plutôt Dans du silence,   Celui qu’en moi Je fais.   Et je fore, je creuse Vers plus de silence,   Vers le grand, Le total silence en ma vie   Où le monde, je l’espère Me révèlera quelque chose de lui.     Je veux entrer Mais je ne sais Ni où ni dans quoi.   Il semblerait que ce soit là Où je me confondrais   Avec la source de ce Dont j’ai toujours eu besoin.     ... [Lire la suite]
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29 mars 2016

Lorand Gaspar (1925 - 2019) : La maison près de la mer, II

  La maison près de la mer, II       Air, arbres, corps et mer,  cordes, cuivres et vents,  par nos mains et nos bouches,  la source sans racine  ni nom, ni lieu, ni toit,  compose la musique       Il regardait la tourmente saisir  à bras-le-corps et jusqu’au fond les eaux  murmurant quelque chose sur le vent  qui vendange le raisin de la mer –     ces puits d’air et d’espace où plonge  ailes repliées l’ange sans... [Lire la suite]
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28 mars 2016

Michel Dugué (1946 - ) : « Aucun de nous … »

  Aucun de nous ne tient seul.   Il lui faut outre les os une parole – fût-elle économe.   Alors le jour contemporain s’éclaire un peu.                            *   Le sol est dur. L’hiver le baigne d’un soleil très blanc.   Il est des mots qu’on aimerait éprouver ainsi.   Infracassables après le retrait du poème.   Barques dormantes, elles furent... [Lire la suite]
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27 mars 2016

Laurent Tailhade (1854 – 1919) : Menuet d’Automne

  Menuet d’Automne        Les asters et les véroniques, - de leurs corolles sans parfums, - laissent tomber sur les parterres – où d’autres fleurs ne s’ouvrent plus – la tristesse mystique et lente des adieux.      Mauve tendre et vert alangui – leurs teintes vagues s’harmonisent - aux ciels lavés du prime automne, - à la souriante langueur – des beaux jours près de s’envoler.      Bouquets de souvenir et non bouquets de deuil, - l’or violent des ... [Lire la suite]
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26 mars 2016

Marcel Moreau (1933 - 2019) : « Un livre devrait s’ouvrir… »

  Un livre devrait s’ouvrir comme le corps d’une femme qui n’en peut plus d’attendre l’envahissement promis. J’écris, donc j’écris en sorte que le corps du désir de mots n’en puisse plus d’attendre son envahissement par un sens, au point d’en précipiter, à tout prix la survenue. Il y a urgence. J‘écris et, pour le coup, l’intra-utérin est mon royaume, l’ovulation en moins. Je ne veux plus faire d’enfants, sauf à cette sensation, matricielle en toutes et en même temps terriblement lascive, qu’écrire ne vaut que par la... [Lire la suite]
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25 mars 2016

Zbiniew Chojnowski (1962 - ) : « Nous marchions dans le souffle du printemps… »

  Nous marchions dans le souffle du printemps ourdi de graminées tout proches, des boutons d’or éclataient un à un, dessinaient des rubans dorés. De l’hirondelle qui fendait l’air tombait douce la pluie. Sur le chemin de traverse, entre les deux villages de Boze et de Palestyna, le Ciel et la Terre s’écartaient, la lumière devenait diaphane, et nul d’entre nous, dans ces frémissements, ne demeurait en son Tout.   Cztery strony domu, 1996.   Traduit du polonais par Frédérique Laurent In, « Terra... [Lire la suite]
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24 mars 2016

Pierre Dalle Nogare (1934 -1984) : Explorés du feu

    Explorés du feu   I En Toi étroite Me déserte : A tes sources Mon corps Eveille ta réponse. Au plus haut De nous Je comble à te veiller Pour te lire Sur mon visage. Tu influes ta parole Dans mon sang   Et dur sur ta peau J’écoute Tes mains me parler.   II Entré dans tes gisements Je parle Le Feu qui nous révèle Et sacre Notre souffle. J’apprends sur tes lèvres A toucher la Nuit Et dormir la clarté. Je dis En Toi le Dehors Où s’inscrit la fusion Et nous comblés ... [Lire la suite]
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23 mars 2016

Bohuslav Reynek (1892 – 1971) : Feuilleter

  Feuilleter   Il est doux de feuilleter le psautier des nuits sans sommeil, de chercher à découvrir, dans l’ombre, une lumineuse lettrine de paix.   Est-ce la lune avec les étoiles, un oméga, le liseré brûlant d’un nuage, au-dessus de nous une branche enneigée, le brouillard au-dessus d’un champ   où s’éveille par vagues sans bruit l’alpha des sentiers, lettrine épanouie, souvenir des gels d’hier.   Traduit du tchèque par Petr Král in, "Anthologie de la poésie tchèque contemporaine, 1945... [Lire la suite]
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22 mars 2016

Dylan Thomas (1914- 1953) : La colline aux fougères / Fern Hill

  La colline aux fougères    Alors j’allais jeune et souple sous les branches des pommiers Près de la maison berçante et heureux comme l’herbe est verte,           La nuit au-dessus la vallée étoilée,                Le temps me laissait clamer et gravir                 Doré dans les beaux jours de ses yeux, Et honoré parmi les... [Lire la suite]
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21 mars 2016

Clément Marot (1496-1544) : « Plus ne suis… »

    Plus ne suis ce que j'ai été, Et ne le saurais jamais être ; Mon beau printemps et mon été Ont fait le saut par la fenêtre : Amour, tu as été mon maître : Je t'ai servi sur tous les dieux.  Ah si je pouvais deux fois naître, Comment je te servirais mieux !    Plus ne suis ce que j’ay esté, Et ne le sçaurois jamais estre. Mon beau printemps, et mon esté, Ont faict le sault par la fenestre. Amour, tu as esté mon maistre, Je t’ay servy sur tous les dieux. O, si... [Lire la suite]
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