Khalil Hâwi (1919-1982) / خليل حاوي : L'age de glace
L’âge de glace
Quand à l’âge de glace,
Les veines de la terre sont mortes,
Ainsi en nous nos veines sont mortes.
Chair séchée, nos jambes et nos bras se sont figés.
Nous tentions en vain d’arrêter le vent
Et la nuit maussade,
En vain, de piéger le frisson
Qui en nous s’étirait,
Le frisson de la très sûre mort
Glissée aux cellules des os, au secret des cellules,
Et dans l’haleine du soleil, et de la lumière des miroirs,
Dans le grincement des portes, et les caves à provisions,
Dans le vin, et dans le pus des murs,
Le frisson de la très sure mort.
(…)
O Dieu de la fertilité, Toi, Baal, soc
De la terre stérile,
O soleil des moissons,
O dieu surgi du tombeau,
Pâque glorieuse,
Toi Tammouz, soleil des moissons,
Délivre-nous, délivre les veines de la terre
De cette glace qui l’a prise, et nous dedans.
Donnes aux morts tristes le sang,
Et aux roches esclaves,
Tout au long du long désert de glace,
Toi Tammouz, soleil des moissons.
(…)
Nous priions, priions en vain,
Nous hurlions sans repos, en vain,
Tout au long du long désert de glace,
Nous, et le loup traqué
(…)
Traduit de l’arabe par Luc Norin et Edouard Tarabay
In, Revue « Vagabondages, N°31, juin 1981 »
Association Paris-Poète
Librairie Séguier, 1981
Du même auteur : Dans l’obscurité des entrailles (19/03/2017)