Miyazawa Kenji / 宮沢賢治 (1895 -1933) : Le printemps et le démon Asura
Le printemps et le démon Asura
(mental sketch modified)
Dans l’acier gris de l’image
Les tiges sarmenteuses de l’akébie s’enroulent aux nuages
Buissons d’églantiers ou marécages de l’humus
Partout partout les arabesques de la flatterie
(Plus exubérants que les trompettes de midi
C’est l’heure où ruissellent des fragments d’ambre)
Amertume, pâleur de la colère
Au fond de la clarté d’avril
Je crache je vais je viens je grince
Je suis un démon
(Le paysage est secoué de larmes)
Les nuages déchirés bornent les chemins de l’œil
Dans la mer du ciel transparent
Un vent de cristal passe et repasse
Une rangée printanière de CYPRES
Noire absorbe l’éther
Et dans leurs pieds obscurs
On voit briller l’arête de neige de la montagne céleste
(Brumes printanières, polarisation blanche de la lumière)
Les vrais mots ont disparu
Les nuages brisés volent dans le ciel
Et au fond d’avril qui étincelle
Je grince je brûle je vais je viens
Je suis un démon
(Des nuages d’agate courent dans le ciel
Où chante-t-il cet oiseau du printemps ?)
Le disque solaire pâlit soudain
Dans les bois le démon symphonise
Le ciel s’abaisse et s’assombrit et dans ses bras
S’allonge une nuée d’arbres géants
Dont les branches se couvrent tristement de feuillage
Et sut tout ce paysage double
Sur la cime des forêts qui ont perdu leur cœur
Voltigent et s’envolent les corbeaux
(Mais l’atmosphère s’éclaire
Voici l’instant où les cyprès se dressent solaires dans le ciel)
Toi qui traverses l’or des prairies
Toi qui as forme humaine
Paysan qui me regarde dans ton vêtement de chaume
Me vois-tu ?
Au fond de la mer aveuglante de l’air
(La tristesse est si bleue et profonde)
Les CYPRES s’agitent paisiblement
Les oiseaux à nouveau fendent l’azur
(Il n’y a pas de vraie parole
Et les larmes du démon tombent sur terre)
Qu’on reprenne haleine dans le ciel
Et les poumons se contractent dans la blancheur
(Oh, que mon corps s’éparpille dans les poussières du ciel !)
La cime des ginkos se remet à briller
Les CYPRES sont plus noirs
Il pleut des étincelles de nuages
8 mars 1922
Jour anniversaire de la naissance du Bouddha
Traduit du japonais par Yves – Marie Allioux
In Revue « Vagabondages, N° 77, Janvier/ Février/Mars1990 »
Association Paris -Poète
Du mêmeauteur :
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