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Le bar à poèmes
8 mars 2016

Miyazawa Kenji / 宮沢賢治 (1895 -1933) : Le printemps et le démon Asura

 

photo_kenji01[1]

 

Le printemps et le démon Asura

(mental sketch modified)

 

Dans l’acier gris de l’image

Les tiges sarmenteuses de l’akébie s’enroulent aux nuages

 

Buissons d’églantiers ou marécages de l’humus

Partout partout les arabesques de la flatterie

 (Plus exubérants que les trompettes de midi

 C’est l’heure où ruissellent des fragments d’ambre)

 

Amertume, pâleur de la colère

Au fond de la clarté d’avril

Je crache je vais je viens je grince

Je suis un démon

 (Le paysage est secoué de larmes)

Les nuages déchirés bornent les chemins de l’œil

 Dans la mer du ciel transparent

  Un vent de cristal passe et repasse

   Une rangée printanière de CYPRES

    Noire absorbe l’éther

     Et dans leurs pieds obscurs

      On voit briller l’arête de neige de la montagne céleste

       (Brumes printanières, polarisation blanche de la lumière)

      Les vrais mots ont disparu

     Les nuages brisés volent dans le ciel

    Et au fond d’avril qui étincelle

   Je grince je brûle je vais je viens

  Je suis un démon

  (Des nuages d’agate courent dans le ciel

  Où chante-t-il cet oiseau du printemps ?)

 

Le disque solaire pâlit soudain

 Dans les bois le démon symphonise

  Le ciel s’abaisse et s’assombrit et dans ses bras

   S’allonge une nuée d’arbres géants

    Dont les branches se couvrent tristement de feuillage

   Et sut tout ce paysage double

  Sur la cime des forêts qui ont perdu leur cœur

  Voltigent et s’envolent les corbeaux

   (Mais l’atmosphère s’éclaire

    Voici l’instant où les cyprès se dressent solaires dans le ciel)

Toi qui traverses l’or des prairies

Toi qui as forme humaine

Paysan qui me regarde dans ton vêtement de chaume

Me vois-tu ?

Au fond de la mer aveuglante de l’air

 (La tristesse est si bleue et profonde)

Les CYPRES s’agitent paisiblement

Les oiseaux à nouveau fendent l’azur

 (Il n’y a pas de vraie parole

 Et les larmes du démon tombent sur terre)

 

Qu’on reprenne haleine dans le ciel

Et les poumons se contractent dans la blancheur

 (Oh, que mon corps s’éparpille dans les poussières du ciel !)

La cime des ginkos se remet à briller

Les CYPRES sont plus noirs

Il pleut des étincelles de nuages

 

          8 mars 1922

                    Jour anniversaire de la naissance du Bouddha

Traduit du japonais par Yves – Marie Allioux

In Revue «  Vagabondages, N° 77, Janvier/ Février/Mars1990 »

Association  Paris -Poète  

 

Du mêmeauteur :

Le matin de la séparation (08/03/2015)

Aiguilles de pin (08/03/2017)

Danse du sabre au village de Haratai (08/03/2018)

 

 

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