J’entrai, mais point ne sus où j’entrais,
Et je restai sans savoir,
Transcendant toute science.
J’ignorai tout du lieu où j’entrais,
Mais lorsque je me vis là,
Sans connaître le lieu où j’étais
J’entendis de grandes choses.
Point ne dirai ce que je sentis,
Car je demeurai sans rien savoir,
Transcendant toute science.
De la paix, de la bonté aussi,
C’était science parfaite,
Dans une profonde solitude –
Le droit chemin va bien clair.
Pourtant c’était chose tant secrète,
Que je demeurai balbutiant,
Transcendant toute science.
J’en étais à ce point imprégné,
Absorbé, sorti de moi,
Que je demeure dans tous mes sens
Dénué de tout sentir.
Tandis que l’esprit reçu en don
Du pouvoir entendre sans entendre,
Transcendant toute science.
Tant plus haut je m’élevais ainsi,
Et tant moins je comprenais.
C’est là ce nuage ténébreux
Qui rend la nuit toute claire.
Or, pour ce, qui vient à le connaître
Demeure toujours sans rien savoir,
Transcendant toute science.
Celui qui pour de bon parvient là
Se voit défaillir à soi.
Tout ce qu’il connaissait autrefois
Lui paraît chose si basse.
Et tant s’accroît en lui la science
Qu’il demeure sans plus rien savoir,
Transcendant toute science.
Ce savoir issu du non-savoir
Recèle un si haut pouvoir
Que les sages et leurs arguments
Ne le peuvent jamais vaincre.
Car leur savoir ne saurait atteindre
A n’entendre pas en entendant
Transcendant toute science.
Chose si hautement excellente
Est-ce souverain savoir.
Traduit de l’espagnol par le Révérend Père
Cyprien de la Nativité de la Vierge
In, Jean de la Croix : « Oeuvres complètes »
Edition Desclée de Brouwer, 1967
Du même auteur :
« Au sein d'une nuit obscure… » / En una noche oscura… » (29/01/2017)
Cantique spirituel / Cántico espiritual (29/01/2018)
Flamme vive d’amour / llama de amor viva (27/05/2019)
Entréme donde no supe:
y quedéme no sabiendo,
toda ciencia trascendiendo.
Yo no supe dónde estaba,
pero, cuando allí me vi,
sin saber dónde me estaba,
grandes cosas entendí;
no diré lo que sentí,
que me quedé no sabiendo,
toda ciencia trascendiendo.
De paz y de piedad
era la ciencia perfecta,
en profunda soledad
entendida, vía recta;
era cosa tan secreta,
que me quedé balbuciendo,
toda ciencia trascendiendo.
Estaba tan embebido,
tan absorto y ajenado,
que se quedó mi sentido
de todo sentir privado,
y el espíritu dotado
de un entender no entendiendo.
toda ciencia trascendiendo.
El que allí llega de vero
de sí mismo desfallece;
cuanto sabía primero
mucho bajo le parece,
y Su ciencia tanto crece,
que se queda no sabiendo,
toda ciencia trascendiendo.
Cuanto más alto se sube,
tanto menos se entendía,
que es la tenebrosa nube
que a la noche esclarecía:
por eso quien la sabía
queda siempre no sabiendo,
toda ciencia trascendiendo.
Este saber no sabiendo
es de tan alto poder,
que los sabios arguyendo
jamás le pueden vencer;
que no llega su saber
a no entender entendiendo,
toda ciencia trascendiendo.
Y es de tan alta excelencia
aqueste sumo saber,
que no hay facultad ni ciencia
que la puedan emprender;
quien se supiere vencer
con un no saber sabiendo,
irá siempre trascendiendo.
Y, si lo queréis oír,
consiste esta suma ciencia
en un subido sentir
de la divinal esencia;
es obra de su clemencia
hacer quedar no entendiendo,
toda ciencia trascendiendo.
Poème précédent en espagnol :
Federico Garcia Lorca : Chant funèbre pour Ignacio Sánchez Mejías / Llanto por Ignacio Sánchez Mejías (19/12/2015)
Poème suivant en espagnol :
José Gutiérrez : Du renoncement / De la renuncia (03/02/2016)