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Le bar à poèmes
21 décembre 2015

Rouben Melik (1921 – 2007) : Elégie 5

rouben-5[1]

 

Elégie 5

 

Quel espace entre nous se défait de l’espa

ce et n’est plus qu’aboli par la mort inter

dite ? A quel amour vas-tu sans songer que ne pa

sse, où la blessure était, que ce corps à l’indi

 

fférence de son bras sur l’espace d’un sein ?

La dernière peinture et le dernier regard

Ce ne fut que la ville entre nous, ce dessin

Plus tard que nous laisse pour changer le hasard

 

Lentement résolu dans ce corps et la cour

be où jamais ne viendra la courbe se rejoin

dre à l’abandon d’un bras. Alentour le lent tour

ment étrange du soir m’entourait de toi loin

 

taine et présente morte et la sûre apparen

ce absolument me double et de toi me défait

Dans l’espace entre nous qui nous est différen

ce en la mort assemblante en toi  qu’amour ne fait

 

Qu’obéissance. A quel espace passais-tu

Qui m’entourait de toi dans la ville d’octo

bre où nous aurons sans passé l’aventu

re au futur inventé dans un jeu de loto

 

Sans chiffres sur la carte où pour tenter le sort

Nous aurions regardé l’aiguille d’un cadran

Dans l’espace tourner les heures de la mort

Arrivée entre nous. Ce ne sera d’arran

 

gement ma morte au temps passé laissée absol

ument seule que toi qui fus, qui m’entourais

de moi sans toi pour l’autre éclatement du sol

eil à l’autre saison d’été où tu mourais.

 

Revue « Vagabondages, N°34, Novembre 1981

Association Paris-poète

Librairie Séguier,1981  

 

Du même auteur : Le Veilleur de pierre (16/11/2017)

 

 

 

 

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