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Le bar à poèmes
18 décembre 2015

Czesław Miłosz (1911 – 2004) : Dante

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Dante

 

Ainsi ne rien avoir. Ni terre ni abîme.

Tournant sur lui-même le cercle des saisons.

Les gens sous les étoiles

Vont et se dispersent

En poussière quasi stellaire. Les machines moléculaires

Travaillent infailliblement, comme des automates.

Lilium colombianum ouvre ses fleurs rayées comme des tigres,

Qui aussitôt se recroquevillent sur leur poix gluante.

Les arbres poussent à la verticale, tout droit dans les airs.

 

Alchimiste Alighieri, si loin

De ton ordre cet ordre sans queue ni tête,

Cosmos que j’admire et dans lequel je me perds,

Ne sachant rien de de l’âme immortelle,

Les yeux fixés sur les écrans déserts.

 

Brodequins colorés, rubans, bagues

Continuent à se vendre sur le pont de l’Arno.

Je choisis un cadeau pour Théodora,

Elvire, Julia, quel que soit le prénom

De celle avec qui je couche et joue aux échecs.

Dans la salle de bain, assis au bord de la baignoire,

Je la regarde, charnelle dans l’eau glauque.

Pas elle, mais, à nous dérobée, l’universelle nudité,

Séparés de laquelle nous séjournons auprès.

Concepts, mots, sentiments nous abandonnent

Comme si nos ancêtres avaient été d’une autre espèce.

Il est de plus en plus difficile de composer des canzones d’amour,

Des chants nuptiaux, de la musique solennelle.

 

Et comme pour toi, il n’y a qu’une chose de vraie :

La concreta e perpetua sete,

La soif perpétuelle qui nous est innée

Del inferno regno, - du territoire, contrée

Ou royaume déiforme. Car là-bas est ma demeure.

Je n’y peux rien. Je prie que me soit accordée la lumière,

L’intérieur de la perle éternelle, eterna margarita.

 

Traduit du polonais  par Maciej Niemec et Fernand Cambon

L’Etoile absinthe et autres poèmes,

Revue « Europe,N°902 – 903 / Juin-juillet 2004 »

 

Du même auteur :

CELA / TO (18/12/2016)

Sur la plage (18/12/2017)

A Allen Ginsberg / Do Allena Ginsberga (18/12/2018)

Le fleuve majestueux / Powolna rzeka (18/12/2019)

 
 

Dante

 

Tak nie mieć nic. Ni ziemi, ni otchłani.

Obracające się koło sezonów.

Ludzie pod gwiazdami

Idą i rozwiewają się

W pył podobny gwiezdnemu.

Molekularne maszyny

Pracują bezbłędnie, samoczynne.

Lilium columbianum otwiera swoje tygrysio pręgowane kwiaty,

Które zaraz kurczą się w kleistą maź.

Drzewa rosną pionowo, prosto w powietrze.

 

Alchemiku Alighieri, tak daleko

Od twego ładu ten ład niedorzeczny,

Kosmos, który podziwiam i w którym ginę,

Nie wiedząc nic o duszy nieśmiertelnej,

 Zapatrzony w bezludne ekrany.

 

Kolorowe ciżemki, wstążki, pierścienie

Dalej sprzedają na moście nad Arno.

Wybieram prezent dla Teodory,

Elwiry, Julii, jakiekolwiek imię

Tej, z którą sypiam i gram w szachy.

W łazience, przysiadając na brzegu wanny,

Patrzę na nią, cielistą w zielonkawej wodzie.

Nie na nią, na powszechną, nam odjętą, nagość,

Od której oddzieleni, przebywamy obok.

 

Pojęcia, słowa, uczucia opuszczają nas

Jakby innym gatunkiem byli przodkowie.

Coraz trudniej układać miłosne canzony,

Pieśni weselne, muzykę solenną.

I tylko, jak dla ciebie, jedno jest prawdziwe:

Poème précédente en polonais :

Wisława Szymborska : Haine  / Nienawiść (12/06/2015)

Poème suivant en polonais :

 

Kazimierz Brakoniecki :Armor. Poèmes de l’Atlantique / Armor. Wiersze atlantyckie (07/01/2016)

 

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Commentaires
M
J'ai un peu lu Oscar de Milosz étudiant, mais là je suis conquis par Czeslaw poète<br /> <br /> des temps présents, où je retrouve l'indicible similitude d'appreciation du monde géo-politique réservée à certains<br /> <br /> Enfin, je trouve qu'il fait tout pour ressembler à un acteur américain<br /> <br /> pierre mironer menufretin50@gmail.com
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