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L’arbre

1

Voici le grand arbre de brouillard vert.

Des échafaudages abandonnés l’environnent

sous le pentagramme de l’étoile

là où se perdent les chevaux sauvages

et se perdent les migrations

d’oiseaux et de papillons.

Voici la ville ensevelie dans la lumière

comme par une éclipse.

Illisibles ruines imaginaires

falaises labyrinthes écritures muettes :

coupures d’un couteau de cristal

dans la rage de la pierre

et dans l’écorce de l’arbre.

Et voici l’ordure accumulée rouillée

entre la ferraille et le sang.

Et voici nos paroles enchaînées au ciel

comme bateaux fantômes.

 

2

Moi l’habitant du faubourg

j’erre entre la pourriture égorgée des fleurs

les journaux jaunis les boîtes de conserve

et des baignoires blanches comme des catafalques

rongés par trop de corps

pour toucher l’arbre

et entendre la cascade invisible

du bruît de mon âme.

 

3

Le vent déjà sans corps

sème une cendre phosphorescente dans ma ville.

Je marche à travers des cérémonies oubliées

avec mon costume de roi pauvre

et mon masque de verre.

Dans sa tour

sous le ciel plein d’empreintes de doigts

l’arbre murmure

avec sa voix de libertin prisonnier.

 

4

Qu’ils viennent avec nous

les faiseurs de tours et les photographes de la place

les vendeurs de glace

et le mendiant aux jambes tordues dans le dos

l’aiguiseur de couteaux

et le nain pâle qui se traîne sans jambes.

Qu’ils viennent les gaspilleurs de fortunes

Les vieux ouvriers de l’aventure

ceux qui firent le chemin de fer

et traversèrent le désert

et qui lèvent maintenant une main qui tremble

avec l’aide d’un haillon attaché au poignet.

Qu’ils viennent avec nous les saints imberbes

traversés de longues épines

les musiciens obèses les charlatans aphones

et le jeune voleur qui porte sur l’épaule

tout le poids de la vierge couronnée.

Qu’ils viennent

le docker paresseux celui qui se cache

dans la cale d’un cargo

pour jouer de l’harmonica

et les prostitués des quais

celles qui s’endorment à l’aube

violons dénudés.

Qu’ils viennent avec nous

les enfants affamés vendeurs de pommes

et de moulins de papier

et même les simples fous

avec leurs simples visages ravagés par le chagrin.

Qu’ils entourent l’arbre

comme les signes d’un zodiaque quotidien

avec leurs corps amers et assoiffés

et leurs voix de fantômes perdus

dans la poussière solaire.

 

5

Nous irons au quartier le plus pauvre

là où chante l’espace ouvert

entre le tumulte des machines cassées

et l’ordure aigre et limoneuse.

Nous irons par un sentier semé d’insectes lumineux

entouré par la grande ville

intouchable  comme le grisou.

Nous traverserons le terrain de sport

où dorment les chevaux du cirque

dans leur rêve de fumée.

Nous irons à ce lieu

au-delà des dernières rues sans issue.

Nous irons nous asseoir ensemble

sur les gradins de terre tassée

dans les limites précises du poème :

il brûle comme un grand feu de feuilles sèches.

 

6

Il ne pousse pas dans la terre

mais dans le cratère d’un volcan éteint

sur le fond tari de la mer

dans les excréments du diable

sur la mort même.

Il pousse amarré à l’horizon poussiéreux

appuyé sur des béquilles de fer

mesurant la lumière et les signes 

d’ une grande pierre bleue

sillonnée par les traces aériennes de l’araignée.

Il pousse en entraînant une population de spectres

dans l’érosion du vent.

 

7

La marée basse découvre de vastes grottes

pleines de nos voix de rameurs

les coquillages de nos rires

une image d’ailes et de voiles déployées

que laissent les bateaux en tissant

sans s’arrêter

l’horizon et la mémoire.

Ce sont les murmures de l’arbre navigateur

sur la misère de l’homme sans langage

ce sont nos voix qui reviennent

comme scorie de mer.

 

8

Le bois qui rêve nous attache à ces voix.

Viens sous l’ombre du mât

y écouter l’histoire de ta vie :

Météorite qui raye la mémoire et le regard.

Pierre lumineuse qui chante dans la distance du miroir.

Personne ne dira que tu es seul

avec les mains sur la nuque

dans la racine de la pierre.

 

9

Personne n’a de chance parmi nous

appuyés au mur des mendiants

même pas les fantômes du cirque

qui cavalcadent sur la plage

près d’un monstre moribond.

Personne n’a de chance sous les peupliers

et leurs forteresses d’herbes folles

ni sous les eucalyptus de la côte

qui passent sur l’eau immobile.

Sous les grands arbres

nous oublions l’odeur de la mort.

Et un mage nous montre une main

où tourne une monnaie d’argent

et une autre où tourne une émeraude.

 

10

Nous suspendrons aux branches

notre costume de gens pauvres.

Emigrants

nous n’avons presque pas de souvenirs,

seulement un héritage lointain

d’objets qui ne servent à personne

rescapés d’un naufrage de choses infimes

manteaux qui s’envolent comme des cerfs-volants

chaussures fatiguées chemises de couleur.

Nous suspendront aux branches

nos vêtement de gens pauvres.

Des squelettes d’enfants attachés

avec des rubans de couleur.

Reliques.

Qu’on les brûle dans la cire de la lune !

Qu’on brûle aussi

le poids sordide de l’homme sans mémoire.

Qu’elles se lavent dans la rosée

et s’éveillent avec les oiseaux apatrides

à la rencontre des voix.

Les vents alizés lèvent sur la mer

le spectre de l’arbre musicien.

 

11

Nous irons sous les grandes mains de cendres vertes.

On nous donnera à manger.

On nous racontera une histoire extravagante

aux sonorités délicates

aux mots rompus.

On nous montrera un cirque

de masques et de voix

et nous dormirons comme des enfants nus

dans l’immense cuisine de la nuit.

 

12

L’arbre se déguise en cirque de paons

et d’acrobates.

Souffleurs de verre

siffleur inventif

dialecticien inépuisable

perroquet voyant et guérisseur.

Automates qui dansent la partition de l’hirondelle

lanceurs de couteaux qui ont les yeux bandés

et poulpe géant plus bleu qu’indigo

presque endormi parmi les coraux

étreignant de ses tentacules

la ville imaginée.

L’arbre se déguise en joueur d’échecs

il soulève les dalles de la perspective.

Exorciste aux lourdes mains tachées

d’ailes de papillons,

ange à tête de faune

et nonne énamourée

qui feint de dormir

vêtue seulement de chapelets de ficelle

et de monnaie de verre.

Dans la nuit l’arbre se déguise en matelot

pour se tatouer les bras et les jambes

pour se laisser embrasser par les prostituées ivres

et pour pleurer sur les quais dans la fumée de l’aube.

 

13

Que vienne aussi mon père

jouer aux cartes sous l’arbre.

Unique solitaire

dans les purs rites de l’aube.

Que viennent mes amis malchanceux

le séducteur de la princesse

celui qui lutte contre l’ange

ceux qui ont pleuré en pleine rue

et la femme qui fuit le poète.

Que vienne jusqu’au dédaigneux

celui qui secoue la poussière de sa veste

quand il passe sous un vieux poème.

Qu’ils viennent tous

en traversant le fond tari de la mer

pour rire de ma face de poète

rongé par le chant de la sirène.

 

14

Qu’ils viennent

les bannis

les sordides et les traîtres

les infirmes les mutilés les amnésiques

les lâches les solitaires.

L’homme sans yeux et sans sexe

l’homme aux mains liées derrière le dos.

Ceux qui ont étés fusillés à la sauvette

entre briques et tonneaux

à l’aube sur un quai pourri.

Ceux qui ont été traînés dans la boue sans laisser de traces

Et les dieux sans pouvoirs

oubliés châtrés humiliés

et qui nous ont laissé des signes

difficiles à déchiffrer.

 

15

Avec l’humilité des pèlerins

approche-toi de l’arbre-sans-peur

couleur d’ombre rouge

pour demander conseil à sa tendresse de païen :

« Apprends-moi à me tenir debout,

à dominer l’espace

sans imiter la mort. »

 

16

L’arbre était entouré de labyrinthes.

Il apparaissait en rêve ou derrière une fenêtre.

Il nous excluait de la vie comme une passion étrangère.

Perdu dans sa propre mémoire

et parmi ses voix errantes

il disparaissait parmi les portes dérobées du matin

il apparaissait là où personne ne l’attendait

chargé de fleurs et d’abeilles

comme un prêtre qui murmure sa folie paisible

dans l’éclat d’un feu immobile.

Théâtral et lointain

il confondait la caresse et l’étreinte.

Derrière une photographie de famille il montrait

un visage hagard

fait de nuages et d’oiseaux.

Ou bien nous oubliions l’arbre.

Nous voyagions en chemin de fer

sur la terre irréelle.

Brusquement nous traversions le fracas

de ses chansons vagabondes

et l’arbre s’éloignait pour toujours

comme un poète dans la foule.

 

17

Et le poème disparaît en ses propres traces

il s’est fait clandestin

comme l’or dans la mémoire des aveugles

ou la missive que porte près du cœur

le messager dans la steppe.

Ce que nous avions à dire et que nous n’avons pas dit

n’est pas disparu

il a seulement perdu son support

il reste devenu murmure dans la poussière solaire.

Ce que nous avions à dire

et que nous avons dit

sans écriture ni témoins

n’est pas mort

mais resté à l’état de murmure

dans sa cuirasse de cuivre et de plumes vertes.

Le poète s’est métamorphosé

en respiration nouvelle

de qui est près ou qui est loin ou qui est en voyage

qui arrivera demain

comme une résurrection de paroles.

 

18

Repose bien ta tête

dans la paix de mes racines.

Je suis la voix que fait entendre par ton allégresse

le conteur d’histoires et de mensonges

qui apaisent

dans l’intimité de l’ombre

et sous la démesure des gestes.

 

19

Et le poème est une tache de vent sur la mer

acier souillé par des rêves qui s’éloignent

murmures de galaxie dans la concavité de ta mémoire

éclairs effacés sur la plage.

 

Traduit de l’espagnol par Claude Couffon

In, « Luis Mizón. Poèmes du Sud et autres poèmes

Poema del Sur. Edition bilingue »

Editions Gallimard (Du monde entier), 1982

Du même auteur :

Prisons / Prisiones (05/08/2014)

Terre prochaine /Tierra próxima (05/08/2016)

Vent du Sud / Viento Sur (05/08/2017)

Retour / Retorno (05/08/2018)

Arbre /Árbol (05/08/2019)

Fantôme / Fantasmas (05/08/2020)

La mer des Sargasses (extraits) (05/08/2021)

Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (I) (05/08/2022)


 

El árbol

1

He aquí el grandárbol de niebla verde

rodeado de andamios abandonados

bajo el pentagrama de la estrella

donde se pierden  los caballos salvajes

y se pierden las migraciones de pájaros y mariposas.

Y aquí está la ciudad enterrada en luz

como por un eclipse.

Ilegibles ruinas imaginarias

acantilados, laberintos, escrituras mudas :

incisiones del cuchillo de cristal

en la ira de la piedra

y en la corteza del árbol.

Y aquí está la basura acumulada oxidándose

entre los hierros y la sangre.

Y aquí están nuestras palabras

encadenadas al cielo

como barcos fantasmas.

2

Yo el habitante del suburbio

voy errante entre la podredumbre degollada de las flores

diarios amarillos y tarros de conserva

y bañeras blancas como catafalcos

corroídos por demasiados cuerpos

para tocar el árbol

y escuchar la cascada invisible

del ruino de mi alma.

3

El viento ya sin cuerpo

siembra una ceniza fosforescente en mi ciudad.

Camino atravesando ceremonias olvidadas

con mi traje de rey pobre

y mi antifaz de vidrio.

En su torre

bajo el cielo lleno de huellas digitales

el árbol murmura

con su voz de libertino prisionero.

4

Que venga con nosotros

los magos y los fotógrafos de la plaza

los vendedores de helados

y el mendigo de piernas retorcidas a la espalda

el afilador de cuchillos

y el enano pálido que se arrastra sin piernas.

Que vengan los derrochadores de fortunas

los viejos obreros de la aventura

los que hicieron el ferrocarril

y cruzaron el desierto

y levantan ahora una mano que tiembla

con la ayuda de un andrajo amarrado al puño.

Que vengan con nosotros los santos imberbes

atravesados de largas espinas

los músicos obesos los charlatanes afónicos

y el joven ladrón que lleva sobre el hombro

todo el peso de la virgen coronada.

Que venga

el estibador perezoso ese que se esconde

en la cala de un bacro mercante

para tocar la armónica

y las prostitutas de los muelles

las que de duermen al alba

violines desnudos.

Que vengan con nosotros

los niños hambrientos vendedores de manzanas

y molinos de papel

y hasta los simples locos

con sus simples rostros demolidos por la pena.

Que rodeen el árbol como los signos

de un zodíaco cotidiano

con sus cuerpos amargos y sedientos

y sus voces de fantasmas perdidos

en el polvo solar.

5

Iremos al barrio más pobre de los cerros

al espacio abierto donde canta

entre el desorden de las máquinas rotas

y la basura espumosa y agria.

Iremos por un sendero sembrado de insectos luminosos

Rodeados por la gran ciudad

intangible como el grisú

cruzaremos el campo deportivo

donde duermen los caballos del circo

bajo un sueño de humo.

Iremos a ese lugar

más allá de las últimas calles sin salida.

Iremos a sentarnos juntos

en las graderías de tierra apisonada

en los límites precisos del poema :

arde como un gran fuego de hojas secas.

6

No crece ne la tierra

sino en el cráter de un volcán apagado

en el fondo reseco del mar

entre los excrementos del demonio

sobre la muerta misma.

Crece amarrado al horizonte  polvoriento

apoyado en muletas de hierro

midiendo la luz y los signos

de una gran piedra azul

tallada por los trazos aéreos de la araña.

Crece levantado una población de espectros

en la erosión del viento.

7

La baja marea descubre vastas grutas

llenas de nuestras voces de remeros

los caracoles de nuestra risa

la imagen de alas y velas desplegadas

que dejan los barcos hilando

sin detenerse

el horizonte y la memoria.

Son murmullos del árbol navegante

sobre la miseria de los hombres sin lenguaje

son nuestras voces que regresan

como escorias del mar.

8

La madera que sueña nos amarra a sus voces.

Ven bajo la sombra del mástil

a escuchar la historia de tu vida :

meteorito que raya la memoria y la mirada.

Piedra luminosa que canta en la distancia del espejo.

Nadie diría que estás solo

con las manos en la nuca

en la raíz de la piedra.

9

Nadie tiene suerte entre nosotros

apoyados  contra el muro de los mendigos

ni siquiera los fantasmas del circo

que cabalgan por las playas

cerca de un monstruo moribundo.

Nadie tiene suerte bajo los álamos

y su fortalezas de maleza

ni bajo los eucaliptos de la costa

que pasan sobre el agua inmóvil.

Bajo los grandes árboles

olvidamos  el olor de la muerte.

Y un mago nos muestra una mano

donde  gira una moneda de plata

y otra donde gira una esmeralda.

10

Colgameros en las ramas

nuestras ropas de gente pobre. 

Emigrantes

casi no tenemos recuerdos

sólo una herencia lejana de objetos

que no sirven à nadie

salvados del naufragio de las cosas mínimas

abrigos que se vuelan  como volantines

zapatos fatigados camisas de colores.

Colgameros en las ramas

nuestras ropas de gente pobre.

Esqueletos de niños amarrados

de cintas de colores.

Reliquias.

! Que las quemen en la cera de la luna !

Que se queme también

el peso sórdido del hombre sin memoria.

Que se laven en el rocío

y despierten con los pájaros apátridas

al encuentro de las voces.

Los vientos alisios levantan sobre el mar

el expectro del árbol músico.

11

Iremos bajo las grandes manos de ceniza verde.

Nos darán de comer.

Van a contarnos una historia extravagante

de sonidos finos

de palabras rotas.

Van a mostrarnos un circo

de máscaras y voces

y dormiremos como niños desnudos

en la inmensa cocina de la noche.

12

El árbol se disfraza de circo de pavoreales

y de acróbatas

sopladores de vidrio

silbador inventivo

dialéctico inagotable

papagayo adivino y curandero.

Autómatas que danzan la partitura de la golondrina

lanzadores de cuchillos con los ojos vendados

y pulpo gigante más azul que el índigo

casi dormido entre los corales

encerrando en sus tentáculos

la ciudad imaginada.

El árbol se disfraza de jugador de ajedrez

levantando la lozas de la perspectiva

y de exorcista de pesadas manos

manchadas por alas de fiariposas

de ángel con cabeza de fauno

y de monja enamorada

que simular dormir

vestida sólo de rosarios de cordel

y monedas de vidrio.

En la noche, el árbol se disfraza de marinero

para tatuarse los brazos y las piernas

dejarse abrazar por prostituas borrachas

y llorar en los muelles bajo el humo del alba.

13

Que venga también mi padre

a jugar a las cartas bajo el árbol

Unico solitario

en los ritos puros del alba.

Que vengan mis amigos sin suerte

el seductor de la princesa

et que lucha con el ángel

los que han llorado en plena calle

y la mujer que huye del poeta.

Que venga incluso el desdeñoso

el que sacude el polveo de su chaqueta

cuando pasa bajo un viejo poema.

Que vengan todos

atravesando  el fondo reseco del mar

a reirse de mi cara de poeta

corroida por el canto de la sirena.

14

Que vengan

los rechazados

los sórdidos y los traidores

los deformes los mutilados los amnésicos

los cobardes los solitarios.

El hombre sin ojos sin sexo

el hombre con las manos amarradas a la espalda.

Los que han sido fusilados rápidamente

entre ladrillos y barriles

al alba en un muelle podrido.

Los que han sido arrastrados por el barro sin dejar huella

y los dioses sin poderes

olvidados castrados humillados

que nos han dejado signos

difíciles a descifrar.

15

Con humildad de peregrino

acértate al árbol-sin-miedo

color de sombra roja

a pedir consejo a su ternura de pagano:

- Enséñame a tenerme en pie

a dominar el espacio

sin imitar la muerte

16

El árbol se rodeaba  de laberintos

aparecía en sueños a detrás de una ventana

y nos excluía de la vida como la pasión ajena.

Perdido en su propia memoria

y entre sus voces errantes

desaparecía  en las puertas falsas de la mañana

y aparecía allí donde nadie lo esperaba

cargado de flores y de abejas

como un sacerdote que murmura su locura apacible

bajo el estallido del fuego inmóvil.

Teatral y lejano

confundía  la caricia y el abrazo.

Mostraba detrás de una fotografía de familia

un rostro azorado

hecho de nubes y de pájaros.

O bien olvidábamos  el árbol

viajábamos en trenes

por la tierra irreal

y de pronto atravesábamos el estruendo

de sus canciones vagabundas

y el árbol se alejaba para siempre

como un poeta en la muche dumbre.

17

Y el poema desaparece en sus huellas

se hace clandestino

como el oro en la memoria de los ciegos

o la carta que lleva cerca del corazón

el mensajero de la estepa.

Lo que teníamos que decir y no dijimos

no ha muerto

sólo ha perdido su cuerpo

 

tranformado en murmullo en el polvar solar.

Lo que teníamos que decir y dijimos

sin escritura ni testigo

no ha muerto

quedó murmurando en su coraza de cobre y plumas verdes

y el poema se ha transfigurado

en la respiración reciente

de alguien que está cerca que está lejos

que está de viaje

que llegará mañana

como una resurrección de las palabras

18

Reposa bien tu cabeza

en la paz de mis raíces.

Soy la voz que murmura en tu alegría

el contador de historias y mentiras

que apaciguan

en la intimidad de la sombra

bajo la demesura de los gestos

19

Y el poema es una mancha de viento sobre el mar

acero manchado por los sueños que se alejan

murmullos de Galaxia en la concavidad de tu memoria

relámpagos borrados sobre la playa.

Poème précédent en espagnol :

Jaime Sabines  : « ce n’est qu’en rêve... / sólo en sueños … » (17/04/2015)

Poème suivant es espagnol :

Jose María Valverde  : Psaume initial /Salmo Inicial (20/08/2015)