Ameland
Et je recommence à marcher / sur la ligne brisée du soleil
Et je hurle que je marche /en pays du Nord/ sous le soleil
le miroir des cow-boys(l’ai-je
en poche ?) éclate
; perdu mes colts ?
Et je chante
Plusieurs heures dans un sentier vide / le long de la grève
Plusieurs heures avant d’arriver dans le ciel éclatant
de ma faim
- dans l’ombre, j’entendais reculer le rire des
buveurs attablés à la table du soleil
Et déjà je suis perdu
Les vagues ont emporté la terre
Les bouteilles sont vides, éparpillées sur la plage
Et je me mets à genoux
O Diotima ! O Diotima !
M’as-tu envoyé ici pour que je pleure / au bord accéléré
des vagues /
toutes les femmes englouties
Diotima ! Diotima !
Pourquoi les femmes courent-elles se perdre au loin /
bondissant sur
les pierres et traversant les herbes
de la mer ?
Et je rejette les crachats de l’ultime lumière
Assis sur le trône des Dieux, bordé de lèvres salées,
je songeais que
la longue nuit allait survenir avec / pour la dernière fois /
l’escorte de Nereus
ô pierres trop précieuses d’Oceanos
- Punch & Judy Show –
- Au revoir !, dit l’oiseau moqueur
- Au revoir !, dit la nuit à l’oiseau moqueur qui s’enfuit
Les barils de la mer sont cerclés de l’onguent nocif
des émeraudes
Avec la ceinture des émeraudes
ô Diotima
je ferme la bouche de mon amour
Heilige ! Heilige !
Précipité du Char d’Hélios / je m’engloutis dans le sable
Et tout est clair
Quand je ramasse les cendres de la vérité.
Traduit du néerlandais par Denise Le Dantec
Revue « Vagabondages, N°28-29, Mars / Avril 1981
Atelier Marcel Jullian, 1981