13 Janvier 1976
Visage revenu de la mort
Mains croisées sur le soleil de l’inconnaissable
Visage, os, lumière enfouie
Qui suis-je pour oser vous contempler
Sans hurler d’effroi et de tristesse
Cortège entre les maisons
Quatre paysans sortis de vos poèmes
Vous portent
Nous marchons derrière vous
Pluies, larmes, nous nous souvenons
Ce matin la chapelle est une amande
Cruellement accueillante
Les quatre paysans vous ont déposé devant nos yeux
Seul sous le drap des morts
Nous ne comprenons pas,
nous ne pouvons pas comprendre
Toute parole vous éloigne et vous approche
Vous qui errez maintenant
Dans quelques campagne inatteignables
Ombres plus transparentes que les autres ombres
Dans cet ailleurs
Où votre regard voyait depuis toujours
votre vrai lieu
O Roud
Maintenant nous sortons sous les arbres
Nous gagnons votre fosse
De grands déplacements de nuages se font dans le ciel
Jetant le reflet de l’éternel
Sur notre assemblée désolée
Et vous
La corde lentement vous descend
A votre lit à jamais
Loin de toute réponse
In, Maurice Chappaz, Philippe Jacottet, Jacques Chessex :
« Adieu à Gustave Roud », Bertil Galland éditeur, Vevey (Suisse), 1977
Du même auteur :
Pauvre dormeur (07/10/2016)
L’énigme gère tes pas (07/10/2017)
Elégie dans l’hiver (07/10/2018)
Votif (07/10/2019)
La part errante (30/10/2020)
Pluie (20/05/2022)