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L’eau des sombres abysses

 

Evy, si tu m’entends encore là-bas, où tu n’es plus,

sache que tout me manque de toi, ton corps, tes yeux, ta voix

     et ta vive présence,

mais sache aussi que je tente de faire ce que tu m’avais dit

quelques semaines à peine avant de t’en aller dans le noir :

« Quand je serai partie, tu finiras ton livre,

tu en  commenceras d’autres, si Dieu t’en donnes envie,

car du puits secret de la vie jaillit la neuve poésie,

et souvent répond le génie à l’appel muet du destin.

Si je l’entends là-bas, j’en aurai du plaisir ;

mais quand viendra l’instant de glisser dans la nuit,

laisse-moi doucement, sans cris, sans mots, partir :

chacun de nous doit boire seul l’eau des sombres abysses. »

 

30 juin 2007

 

Mon heure sur la terre : poésies complètes 1936-2008

Editions Galaade, 2008

 

Du même auteur :

La clef de l’origine (03/04/2016)

Noyau pulsant (03/04/2017)

« Entre la terre obscure… » (03/04/2018)

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