Il suffit d’un instant de paix pour révéler,
au fond du cœur, l’angoisse,
limpide comme le fond de la mer
par un jour de soleil. Tu en reconnais,
sans la ressentir, la souffrance,
là, dans ton lit, poitrine, cuisses
et pieds relâchés, tel
un crucifié – ou tel Noé
qui rêve en son ivresse, et, naïf, ignore
la joie de ses fils, tandis que ceux-ci,
si puissants, si purs, se moquent de lui…
le jour est désormais sur toi,
dans la pièce, comme un lion dormant.
Par quels chemins le cœur
peut-il goûter une parfaite plénitude, en ce
mélange de béatitude et de douleur ?
Il suffit d’un instant de paix pour que s’éveillent
en toi la guerre, en toi Dieu. A peine les passions
se sont-elles apaisées, à peine s’est fermée
une fraîche blessure, et déjà, tu prodigues
une âme qui semblait entièrement prodiguée
en des actions de rêve, qui ne mènent
à rien…
Les Cendres de Gramsci. Traduit de l’italien par José Guidi
In, Pier Paolo Pasolini « Poésies (1943-1970) » Editions Gallimard (Du monde entier), 1990
Du même auteur : Les pleurs de l’excavatrice, VI / Il pianto della scavatrice, VI (27/11/2017)
Un po’ di pace basta a rivelare
dentro il cuore l’angoscia,
limpida, come il fondo del mare
in in giorno di sole. Ne riconosci,
senza provarlo, il male
li, nel tuo letto, petto, coscie
e piedi abbondonati, quale
un crocifisso – o quale Noè
ubracio, che sogna, ingenuamente ignaro
dell’allegria dei figli, che
su lui, i forti, i puri, si divertono…
il giorno è ormai su di te,
nella stanza come un leone dormente.
Per quali strade il cuore
si trova pieno, perfetto anche in questa
mescolanza di beatitudine e dolore ?
Un po’ di pace… E in te ridesta
è la guerra, è Dio. Si distendono
appena le passioni, si chiude la fresca
ferita appena, che già tu spendi
l’anima, che pareva tutta spesa,
in azioni di sogno che non rendono
niente…
Le Ceneri di Gramsci, 1957
Poème précédent en italien :
Giuseppe Ungaretti : Où la lumière / Dove la luce (20/11/2014)
Poème suivant en italien :
Giacomo Leopardi : A Sylvia / A Silvia (30/12/2014)