Amour filial
Je te déteste, ma mère
Je t’étrangle
J’arrache un de tes yeux et je l’avale
C’est une grenouille qui coasse dans la poêle
Je déchire ton visage à coups de griffes, à coups de dents
Je te perds au fond des mares
Je te pends par un pied
Je te peins aux couleurs de mon désir
Je vole le brochet de ton sexe
Tu n’as plus de voix, maman !
J’écartèle ton ventre, je m’y jette entier
Je dévore cette caverne de chair qui m’a livré au monde
Je te mange, maman
Maman - parapluie, maman – rapace, maman – chat
Je t’aime, maman !
Pouvoir t’oublier !
In revue « Plein chant », N° 37- 38, Printemps-été 1978