Le Cactus
T’aimer
comme tout un désert
aime un cactus
concentre tout son eau en un unique point
absorbe toute la chaleur et la lumière
la lumière rayonnée par le soleil, l’humidité laissée par les pluies
un amour pour toi
si passionné, absolu, véritable
venu du cœur de la terre, oui, puisé au fond de mon cœur
rassemblé, condensé, distillé en un unique point
dans ce désert immense
au sable poussière rouge, cendre d’encens,
ou d’ossements répandus sur la mer
au milieu de ce désert immense
un cactus, nourri, protégé,
par la cristallisation de la rosée au soleil, un cœur aimant
par temps de sécheresse
tu as toujours de l’eau en suffisance
tes formes sont pleines, ton vert printanier
pour moi tu es à jamais la nourriture
à laquelle j’aspire corps et âme
sous la caresse de la brise porteuse du printemps
tu ouvres tes fleurs séductrices, déploies doucement leurs pétales
pour moi tu es l’unique ornement, non, l’unique beauté
à la surface de ce désert immense.
Aimer, être aimé, c’est dans tout ce qui fait une vie,
un même bonheur
je me reposerai à ton ombre
je voudrais rester couché sous ta frêle caresse
en lieu sûr, calme et serein, ici
dans la chaleur accablante de la canicule
ton contact apaise mes nerfs, m’endort
et à l’approche de la nuit
ton souffle est doux
comme un murmure d’amour
comme la fonte des neiges au printemps, oui, c’est cela la vie
si je meurs
je voudrais être changé en désert
pour t’enlacer
corps bien irrigué, souple et ferme
pour faire pousser tes racines au plus profond de mon cœur
je voudrais être ton coussin, ton lit
ouvre-toi, fleur séductrice, inspiratrice
révèle en silence ton vert printanier
je te soutiendrai, te nourrirai, de tout mon coeur
la lumière rayonnée par le soleil, l’humidité laissée par les pluies
je les absorberai, rassemblerai, condenserai, distillerai sur toi
avec mon amour
si passionné, absolu, véritable
Traduit du chinois par Martine Vallette-Hémery,
in « Le ciel en fuite. Anthologie de la nouvelle poésie chinoise ». Editons Circé, 2004