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Le bar à poèmes
6 août 2014

Robert Desnos (1900-1945) : J’ai tant rêvé de toi

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J’ai tant rêvé de toi

 

     J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.

     Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la

naissance de la voix qui m’est chère ?

     J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur

ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.

     Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante  et me gouverne depuis des

jours et des années je deviendrais une ombre sans doute,

     Ô balances sentimentales.

     J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors

debout, le corps exposé  à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule

qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres 

que les premières  lèvres et le premier front venu.

     J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste

plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois

que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.

 

Poèmes à la mystérieuse,

in, Revue " La révolution surréaliste, N° 7, 15 juin 1926"

 

Du même auteur :

Les espaces du sommeil (06/08/15)

O douleurs de l’amour ! (06/08/2016)

Infinitif (06/08/2017)

Baignade (06/08/2018)

De la rose de marbre à la rose de fer (06/08/2019)

« Hors du manteau, la lumière... » (06/08/2020) 

La belle que voilà (06/08/2021) 

Les sources de la nuit (06/08/2022)

« Comme une main à l’instant de la mort... » (06/08/2023)

 

 

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