Il fait soir
Les pêcheurs reviennent avec les étoiles des eaux
ils partagent du pain aux pauvres
enfilent des colliers aux aveugles
les empereurs sortent dans les parcs à cette heure
qui ressemble à l’amertume des gravures
les domestiques baignent les chiens de chasse
la lumière met des gants
ferme-toi fenêtre par conséquant
sors lumière de la chambre comme le noyau de l’abricot
comme le prêtre de l’église
bon dieu : fais la laine tendre aux amoureux dolents
peins les petits oiseaux à l’encre et renouvelle l’mage sur la lune
- allons attraper des scarabées
pour les enfermer dans la boîte
- allons au ruisseau
faire des cruches en terre cuite
- allons nous embrasser
à la fontaine
allons au parc communal
jusqu’à ce que le coq chantera
et la ville se scandalisera
ou au grenier
le foin picote on entend les vaches mugir
puis elles se souviennent des petits
allons Mamie partir partir
Traduit du roumain par l’auteur, 1913
In « Cabaret Voltaire », recueil littéraire et artistique,
édité par Hugo Ball, Zurich, 1916
Du même auteur :
"dimanche lourd couvercle..." (17/06/2014)
Sur le chemin des étoiles de mer (22/01/2016)
« il y a un bien beau pays dans sa tête… » (22/01/2017)
Terre invisible (22/02/2018)
« la tête rampe... » (22/02/2019)
« J’avance lentement... » (22/02/2020)
Doutes / Indoieli (22/01/2021)