Le roi des aulnes
Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent ?
C'est le père avec son enfant.
Il serre le jeune garçon dans ses bras,
Il le tient au chaud, il le protège.
« — Mon fils, pourquoi caches-tu peureusement ton visage ?
— Père, ne vois-tu pas le roi des Aulnes,
Le roi des Aulnes, avec sa couronne et sa traine ?
— Mon fils, c'est une trainée de brume.
— Cher enfant, viens, partons ensemble !
Ie jouerai tant de jolis jeux avec toi!
Tant de fleurs émaillent le rivage!
Ma mère a de beaux vêtements d'or.
— Mon père, mon père, mais n'entends-tu pas
Ce que le roi des Aulnes me promet tout bas?
— Du calme, rassure-toi, mon enfant :
C'est le bruit du vent dans les feuilles sèches.
— Veux,fin jeune garçon,-tu venir avec moi?
Mes filles s'occuperont de toi gentiment.
Ce sont elles qui mènent la ronde nocturne.
Elles te berceront par leurs danses et leurs chants.
— Mon père, mon père, t ne vois-tu pas là-bas
Danser dans l'ombre les filles du roi des aulnes ?
— Mon fils, mon fils, je le vois bien en effet,
Ces ombres grises ce sont les vieux saules.
— Je t'aime, ton beau corps me tente,
Si tu n'est pas consentant, je te fais violence.
—Père, Père, voilà qu'il me prend !
Le Roi des Aulnes m'a fait mal ! »
Le père frissonne, il presse son cheval,
Il serre sur sa poitrine l'enfant qui gémit.
A grand-peine, il arrive à la ferme
Dans ses bras l'enfant était mort.
1782
Traduit de l'allemand par Michel Tournier
Du même auteur :
Bienvenue et adieu / Willkommen und Abschied (23/06/2015)
La chanson de Mignon / Mignons lied (22/06/2016)
Chant de tempête du voyageur / Wanderers Sturmlied (22/06/2017)
Un autre pareil / Ein Gleiches (23/06/2018)
Présence de l'Aimé / Nähe des Geliebten (23/06/2019)
Navigation / Seefahrt (23/06/2020)
Erlkönig
Wer reitet so spät durch Nacht und Wind?
Es ist der Vater mit seinem Kind;
er hat den Knaben wohl in dem Arm,
er fasst ihn sicher, er hält ihn warm.
Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht? -
Siehst Vater, du den Erlkönig nicht?
Den Erlkönig mit Kron' und Schweif? -
Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif.
"Du liebes Kind, komm, geh mit mir!
Gar schöne Spiele spiel' ich mit dir;
manch bunte Blumen sind an dem Strand,
meine Mutter hat manch gülden Gewand."
Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht,
was Erlenkönig mir leise verspricht? -
Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind:
In dürren Blättern säuselt der Wind.
"Willst, feiner Knabe, du mit mir gehn?
Meine Töchter sollen dich warten schön;
meine Töchter führen den nächtlichen Reihn,
und wiegen und tanzen und singen dich ein."
Mein Vater, mein Vater und siehst du nicht dort
Erlkönigs Töchter am düstern Ort? -
Mein Sohn, mein Sohn, ich seh' es genau:
Es scheinen die alten Weiden so grau.
"Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt;
und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt."
Mein Vater, mein Vater, jetzt fasst er mich an!
Erlkönig hat mir ein Leids getan! -
Dem Vater grauset's, er reitet geschwind,
er hält in den Armen das ächzende Kind,
erreicht den Hof mit Mühe und Not;
in seinen Armen das Kind war tot.
1782
Poème précédent en allemand :
Peter Huchel : Exil (16/04/2015)
Poème suivant en allemand :
Rainer – Maria Rilke : Naissance de Vénus / Geburt der Venus (23/11/2014)