René+Char[1]

 

Congé au vent

À flancs de coteau du village bivouaquent des champs fournis de mimosas.

À l’époque de la cueillette, il arrive que, loin de leur endroit, on fasse la

rencontre extrêmement odorante d’une fille dont les bras se sont occupés

durant la journée aux fragiles branches.

Pareille à une lampe dont l’auréole de clarté serait le parfum, elle s’en va,

le dos au soleil couchant.

Il serait sacrilège de lui adresser la parole.

L’espadrille foulant l’herbe, cédez-lui le pas du chemin. Peut-être aurez-vous

la chance de distinguer sur ses lèvres la chimère de l’humidité de la Nuit

 

Fureur et mystère, 1948

 

 

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